Le grès d’Alsace authentique est typique du village de Betschdorf, à 50 km de Strasbourg. Ce nom signifie « village de prière » dont l’étymologie est « Betenes-Dorfqui ». Le sous-sol de ce village est riche en argile qui, une fois cuite et façonnée, devient un grès à grain dur et serré. Découvrez les techniques de fabrication du grès d’Alsace et les différentes poteries réalisées avec cette matière.
Techniques de fabrication du grès d’Alsace
Les potiers de Betschdorf utilisent la terre argileuse de la Sauer pour réaliser des poteries en grès d’Alsace authentique. Au XVIIIème et XIXème siècles, ils prennent les glaisières en dehors de la forêt de Haguenau. Ils prélevaient les bois pour alimenter le four dans les forêts près de Haguenau. Quant au sel, il vient de Château-Salins en Lorraine.
Les grès d’Alsace sont faits avec de l’argile riche en silice mélangée avec du sable. Ils sont séchés en été, lavés par les pluies d’automne, gelés en hiver avant d’être utilisés au printemps. Les pièces sont pressées ou tournées dans un moule. Une fois que le grès prend l’aspect du cuir, les potiers réalisent les boutons de préhension, les anses et les poignées sans oublier les décors, signature du grès d’Alsace. Les grès sont décorés par moletage, avec la peinture ou par incision au stylet.
Une fois sec, le grès est cuit à haute température (1280°C), durant 72 heures, le rendant imperméable et permettant de le vitrifier. Il est généralement décoré avec du bleu cobalt, en forme d’animaux (cerf, cheval, poule, pigeon, etc.), de figures géométriques, de végétaux, etc.
Les différentes poteries en grès d’Alsace
Nombreux sont les contenants pour liquides réalisés en grès d’Alsace comme les cruches, les bouteilles moine, les pots à bière, les vinaigriers, etc. Il existe aussi divers pots de conservation en grès d’Alsace renflés, munis de deux anses et à large ouverture. Les saladiers et les jattes sont utilisés pour préparer et servir les repas. Le lait est contenu dans de grandes jattes et des pots à lait semblables aux cruches. Il y a d’autres poteries comme les barattes à beurre et les faisselles.
Mis à part les poteries, le grès est aussi utilisé pour créer divers objets usuels et courants : abreuvoirs, bénitiers, vases, cendriers, tabatières ; etc. D’autres objets sont apparus après la Seconde Guerre mondiale : plateau, seau à glace, etc.
Évolution de la poterie en grès
La technique de fabrication du grès d’Alsace remonte depuis des millénaires, au XVIème siècle, en Chine. Elle reprenait les terres couleur céladon, semblable à la pierre des élites et la teinte du jade. En Europe, à l’ère romaine, la production céramique était destinée aux tuiles, briques, revêtement, carrelage et dallage. Au Moyen-Age, elle servait de décoration sur les objets utilisés au quotidien. Le grès fit son apparition au XIVème siècle.
Les Allemands ont amélioré la technique de fabrication en inventant un vernis au sel. Ceci afin d’optimiser l’étanchéité, garantissant des solutions de stockage pratiques. De même, les potiers réalisent les décors à l’aide d’oxyde de cobalt qui tolère bien les hautes températures que les émaux au plomb.
En 1586, le potier allemand Knoetchen démontre la technique de la poterie du grès. Suivi d’autres potiers comme Krummech et Wingerter dont les premières poteries sont encore visibles. Par la suite, ils réalisent divers contenants dont des pots à choucroute, à œufs, des pichets, des cruches et des chopes en grès d’Alsace. En 1922, les poteries sont de plus en plus diversifiées avec la vaisselle en terre qui supplante le pyrex, le verre ou l’émail.
En bref, le grès d’Alsace est reconnu depuis longtemps. C’est une matière dure et imperméable avec laquelle on réalise diverses poteries décorées. Sa réalisation suit une technique spécifique, garantissant sa solidité.
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